La France a besoin d’une stratégie industrielle

Les salariés attendent des réponses concrètes à leurs revendications. Ils ont des interrogations justifiées sur les réalités des politiques mises en oeuvre, d’autant que les problèmes qui se posent aujourd’hui dans l’urgence étaient identifiables depuis des mois voire des années. La contradiction était en effet béante : d’un côté, les vingt grands groupes français à base industrielle affichaient, début 2008, 50 milliards d’euros de profits nets ; de l’autre, l’industrie française ne cessait d’accumuler les problèmes : recul de la production, emplois industriels en régression forte, creusement du déficit commercial. Il y a un an, près d’un salarié sur deux de l’industrie estimait son emploi menacé.

Compte tenu des risques qui pèsent sur le contrôle ou l’avenir de certaines entreprises et branches, plusieurs dossiers industriels méritent un examen particulier. C’est le cas de filières entières comme l’automobile avec les difficultés des constructeurs et sous-traitants, de l’aéronautique dont nombre d’activités sont poussées à la délocalisation, de la pharmacie, de l’agroalimentaire...

Les problèmes ont une dimension sectorielle évidente. Mais il y a aussi besoin d’avoir une vue globale dans la mesure où se pose la question de l’évolution de l’ensemble de l’industrie.

Ces problèmes particuliers ou plus globaux sont, pour l’essentiel, antérieurs à la phase actuelle de la crise financière. Mais ils se trouvent amplifiés par cette crise et ses conséquences.

Avec l’accentuation des difficultés économiques, nous risquons incontestablement de voir grossir la vague de désindustrialisation. La France perd incontestablement des parts de marché comme le montrent les récents chiffres du commerce extérieur. Le recul de la France dans les échanges industriels internationaux est net : en dix ans, la perte de parts de marché atteint 16 % pour les produits manufacturés. Depuis 2001, la valeur ajoutée industrielle plafonne à 230 milliards d’€. Nous assistons enfin à une baisse relative de la valeur technologique de nos exportations.

Dans le débat sur la compétitivité, le coût du travail mis en avant par le Medef, joue une fois de plus le rôle de paravent. Après les 35 heures, c’est le coût de l’heure de travail en France qui serait censé expliquer les problèmes rencontrés. Cet argument est faux. Le coût de l’heure travaillée dans l’industrie a évolué ces dix dernières années comme celui de la moyenne européenne. Ce n’est que dans la toute dernière période que la compétitivité - coût des exportations françaises s’est dégradée par rapport à l’Allemagne, donc bien trop tardivement pour expliquer une désindustrialisation qui s’est amplifiée depuis vingt ans !

Là n’est donc pas le problème central. Certes la concurrence s’est accentuée. L’euro surévalué a pesé sur les débouchés des productions européennes. Mais le coût salarial unitaire du secteur manufacturier français a continué de baisser (- 10 points en dix ans) prolongeant la tendance des années 80 !

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